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La Guinée-Bissau lance une enquête majeure sur le coup d'État déjoué

BISSAU - La Guinée-Bissau a lancé mercredi une enquête majeure sur une tentative déjouée de renverser le président Umaro Sissoco Embalo, qui a survécu à une attaque à l'arme à feu lors du soulèvement qui a fait 11 morts, selon le gouvernement de la nation pauvre d'Afrique de l'Ouest.

Des hommes lourdement armés ont encerclé mardi après-midi les bâtiments du gouvernement dans la capitale Bissau où Embalo et son Premier ministre auraient assisté à une réunion du cabinet.

Embalo, 49 ans, a déclaré plus tard aux journalistes qu'il n'avait pas été blessé au cours d'une fusillade de cinq heures, qu'il a décrite comme un complot visant à anéantir le gouvernement de Guinée-Bissau, l'un des pays les plus instables d'Afrique.

Des journalistes de l'AFP ont rapporté avoir entendu des coups de feu soutenus et le président a déclaré que plusieurs personnes avaient été tuées.

Une source militaire a indiqué mercredi à l'AFP que six militaires avaient trouvé la mort, mais n'a pas précisé s'ils avaient attaqué ou défendu le président.

Mercredi, la vie revenait doucement dans les rues de Bissau avec la réouverture des magasins et des banques, selon des correspondants de l'AFP.

Cependant, des soldats patrouillaient dans les rues et bloquaient également l'accès au complexe du palais du gouvernement où l'attaque a eu lieu.

La source militaire a déclaré qu'une commission d'enquête avait lancé un vaste coup de filet, ajoutant que des agents du renseignement militaire recueillaient des informations au siège du gouvernement.

La Guinée-Bissau, un État côtier d'environ deux millions d'habitants situé au sud du Sénégal, a subi quatre coups d'État militaires depuis son indépendance du Portugal en 1974, le plus récent en 2012.

En 2014, le pays s'est engagé à revenir à la démocratie, mais il a connu peu de stabilité depuis et les forces armées exercent une influence considérable.

Lors d'une conférence de presse mardi, le président Embalo a déclaré que les assaillants avaient tenté de "tuer le président de la république et l'ensemble du cabinet".

"Les assaillants auraient pu me parler avant ces événements sanglants qui ont fait de nombreux blessés graves et fait des morts", a-t-il ajouté, d'un air serein.

L'identité et les motivations des agresseurs restent floues.

Mais Embalo a déclaré que l'attaque était liée à des décisions qu'il avait prises "pour lutter contre le trafic de drogue et la corruption".

La Guinée-Bissau souffre d'une corruption endémique et est connue comme une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe.

Vincent Foucher, du centre de recherche français du CNRS, a déclaré qu'Embalo, un ancien général, a peut-être suscité la colère en tentant d'affirmer une plus grande autorité sur l'armée.

Mais l'analyste sénégalais Babacar Justin Ndiaye a évoqué un "cocktail de divergences" au sommet de la direction, notamment entre le président et son premier ministre, Nuno Gomes Nabiam.

Ndiaye a également déclaré que le président Embalo était en désaccord avec le parlement sur le partage des ressources pétrolières à la frontière avec le Sénégal.

- Vague de coups d'Etat -

L'Union africaine et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dont la Guinée-Bissau est membre, ont condamné mardi ce qu'elles ont qualifié de "tentative de coup d'État".

Ils ont été rejoints mercredi par la France, qui a fustigé "la tentative de coup d'Etat" à Bissau et exprimé "le respect de l'ordre constitutionnel et... le soutien aux institutions démocratiques".

Les événements ont fait craindre que le pays ne rejoigne les rangs d'autres gouvernements ouest-africains qui ont récemment succombé à des coups d'État militaires.

Au Mali, l'armée a pris le pouvoir en 2020. L'armée guinéenne a emboîté le pas en septembre de l'année dernière, renversant le président élu Alpha Condé.

Puis, le 24 janvier, l'armée du Burkina Faso a également annoncé qu'elle avait déposé le président Roch Marc Christian Kaboré et pris le contrôle du pays.

La Guinée-Bissau lance une enquête majeure sur le coup d'État déjoué