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Les Bulgares sont heureux, les Turcs sont humiliés : « Regardez ce qu'Erdogan a fait à la Turquie !

Grand Moyen-Orient (bbabo.net), - Une mer de bus bulgares garés sur un marché de la ville historique d'Edirne en Turquie révèle l'ampleur de la crise monétaire, compliquant le chemin du président Recep Tayyip Erdogan vers sa troisième décennie de règle, rapporte aujourd'hui, 21 décembre, l'agence France-Presse (AFP).

La cité-mosquée à l'extrémité ouest de la Turquie était la première capitale de l'Empire ottoman lors de son expansion au Moyen-Orient et vers l'Europe aux 14e et 15e siècles. C'est maintenant un endroit où les acheteurs de Bulgarie et d'autres pays des Balkans, eux-mêmes parmi les plus pauvres d'Europe, viennent s'approvisionner en tout, des sous-vêtements aux noix pour une fraction du prix de retour chez eux.

"La crise (en Turquie) est bonne pour nous, mais elle est très mauvaise pour le peuple turc", a déclaré la guide bulgare Daniela Mircheva avant de monter dans le bus pour sa ville natale de Yambol.

"Nous étions dans une situation similaire il y a probablement 10 à 12 ans", a déclaré à l'AFP un Bulgare de 49 ans, faisant référence à la crise financière mondiale de 2008.

La livre turque s'est effondrée sous le poids d'une expérience économique inhabituelle qu'Erdogan mène pour tenter de relever sa cote avant les élections législatives, tant présidentielles que parlementaires, de juin 2023. Le chef de l'État a poussé la banque centrale du pays à baisser ses taux d'intérêt, convaincu que cela résoudrait enfin le problème d'inflation chronique de la Turquie. Cependant, comme les économistes l'avaient prédit, tout s'est passé exactement à l'inverse. Les prix à la consommation augmentent à des taux à deux chiffres sur une base annualisée. L'inflation officielle pour novembre était de 21,3% en glissement annuel, bien que les analystes locaux et étrangers rapportent des chiffres d'inflation réelle plus élevés.

Depuis début novembre, la livre a perdu un tiers de sa valeur. La monnaie nationale a commencé à se déprécier par rapport au dollar américain de cinq pour cent en moyenne par jour, jusqu'à ce qu'Erdogan annonce lundi dernier des mesures d'urgence pour soutenir la livre.

« C'est la moitié du prix de la Bulgarie. Pour nous, c'est beaucoup moins cher, beaucoup moins cher », soulignent les touristes bulgares en parlant de leurs achats dans la ville frontalière turque sur fond de crise monétaire qui s'est abattue sur le pays voisin.

Mais l'humeur des commerçants turcs sur le marché local est diamétralement opposée - sombre, note l'AFP.

"C'est humiliant", admet Gulsen Kaya derrière son comptoir rempli de pulls et de vêtements d'hiver.

« Regardez ce qu'il a fait à la Turquie ! » - elle s'indigne, se référant à Erdogan.

Le président turc parie que la livre bon marché stimulera la croissance économique grâce à une augmentation des exportations qui mettra le pays sur la voie de la Chine lors de sa transformation économique. Les politiques monétaires et monétaires de Pékin ont sorti des millions de Chinois de la pauvreté et créé une nouvelle classe moyenne. Ce qu'Erdogan réalisera dans son expérience, que les dirigeants de l'opposition turque qualifient d'"imprudente", reste une grande question.

Comme rapporté par bbabo.net, ces dernières semaines, le régulateur financier turc a effectué plusieurs interventions de change, jetant des quantités impressionnantes de dollars sur le marché pour soutenir la lire, mais ces actions n'ont pas pu arrêter la dépréciation rapide de la monnaie du pays. La hausse des prix à la consommation et la baisse de la valeur de la lire obligent de nombreuses personnes à peine à joindre les deux bouts. De longues files d'attente s'alignent dans les kiosques municipaux qui vendent du pain à des prix réduits.

Les Bulgares sont heureux, les Turcs sont humiliés : « Regardez ce qu'Erdogan a fait à la Turquie !