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La force de l'euro à 20 ans n'en fait plus un thème de campagne

L'euro célèbre deux décennies au sommet de sa force. Acteur central dans le fonctionnement de l'Union européenne, la Banque centrale européenne s'apprête à lancer un programme de financement pour les pays membres, dans une modalité hybride de prêts et de dons. Des pays comme la Grèce recevront l'équivalent de 9 % de leur PIB.

Selon le dernier sondage de l'Eurobaromètre, la mesure de l'opinion publique dans l'Union européenne, 80% des citoyens des nations qui composent le bloc soutiennent l'euro.

L'enthousiasme n'est pas sans surprise, telle fut la diabolisation de la monnaie durant la majeure partie de sa brève existence. Au début du siècle, les mouvements anti-système ont exploité l'augmentation du coût de la vie générée par l'introduction de l'euro pour radicaliser le débat sur l'Union européenne. La victoire du « non » au référendum sur le traité constitutionnel européen organisé en France en 2005 a marqué le début d'une ère d'incertitude.

A partir de ce moment, le débat technique sur les mérites du nouveau système monétaire, si fomenté dans les années 1990, a laissé place à une campagne aux tonalités populistes fortes rassemblant anticapitalistes et libertaires nationalistes adhérant aux thèses de Milton Friedman.

Après la crise de 2008 et l'imposition de mesures d'austérité brutales dans les pays du sud du continent, l'euro a commencé à être caricaturé comme la pièce finale d'un projet de colonisation des autres Européens par les Allemands en collaboration avec les technocrates de l'UE. Une rhétorique délirante mais extrêmement efficace qui a ensuite servi d'inspiration pour des campagnes pour le Brexit au Royaume-Uni et contre l'OMS ou les Nations Unies dans les Amériques.

L'épisode du Grexit, lorsque les Grecs ont massivement voté contre un nouveau plan d'ajustement budgétaire dans un acte de rébellion contre l'Union européenne, a été un tournant dans l'histoire de l'euro.

Même au paroxysme de la crise, alors que le démantèlement du système monétaire apparaissait comme la seule solution possible, le soutien à la monnaie n'est jamais descendu en dessous de 60 %, même dans les pays les plus punis par l'austérité.

La pandémie n'a fait que renforcer les convictions pro-euro des Européens. Aujourd'hui, les Grecs, les Portugais et bien d'autres sont pleinement conscients que leurs gouvernements respectifs ne pourraient jamais naviguer sur les mers pandémiques armés des pièces de monnaie d'antan.

Drachmes, boucliers ne feraient rien pour lutter contre l'inflation et stabiliser les chaînes d'approvisionnement. Le cauchemar de la lire, la monnaie turque qui vient de connaître sa pire année depuis deux décennies, se répéterait vraisemblablement dans d'autres pays européens.

Les preuves en faveur de l'euro sont si fortes que les populistes ont été contraints de mettre fin à la révolte. Sur le point d'entamer sa troisième campagne présidentielle, Marine Le Pen prendra pour la première fois position en faveur du maintien de la France dans la zone euro. Son rival d'extrême droite Eric Zemmour, qui a défendu publiquement le frexit tout au long de sa carrière de journaliste, a également retiré le drapeau.

Thème structurant du débat économique européen au cours des deux dernières décennies, l'euro a tout simplement cessé d'être un sujet de campagne.

La force de l'euro à 20 ans n'en fait plus un thème de campagne