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Macron accueille des dirigeants africains avant le retrait prévu du Mali

PARIS - Le président Emmanuel Macron a accueilli les dirigeants africains pour un dîner à Paris mercredi avant l'annonce attendue que la France retire ses troupes du Mali après près de 10 ans de lutte contre une insurrection djihadiste.

Plusieurs sources ont déclaré à l'AFP que Macron annoncera que les forces françaises quitteront le Mali et se redéploieront ailleurs dans la région du Sahel, suite à une rupture des relations avec la junte au pouvoir.

Macron doit se rendre à Bruxelles jeudi pour un sommet UE-Afrique de deux jours. Mais la présidence française a annoncé qu'il tiendrait une conférence de presse à 08h00 GMT à l'Elysée sur "l'engagement de la France au Sahel", où il devrait faire l'annonce officielle.

Le déploiement au Mali a été semé d'embûches pour la France. Sur les 53 soldats tués au service de sa mission Barkhane en Afrique de l'Ouest, 48 d'entre eux sont morts au Mali.

La France a initialement déployé des troupes contre les djihadistes au Mali en 2013, mais l'insurrection n'a jamais été complètement réprimée, et maintenant de nouvelles craintes ont émergé d'une poussée djihadiste dans le golfe de Guinée.

Le déploiement au Mali d'une force européenne connue sous le nom de Takuba - un projet piloté par Macron pour répartir le fardeau sécuritaire dans la région troublée - prendra également fin, ont indiqué les sources.

L'annonce attendue du retrait intervient à un moment critique pour Macron, quelques jours seulement avant une déclaration tant attendue du président selon laquelle il se représentera pour un nouveau mandat lors des élections d'avril.

Cela coïncide également avec le fait que Macron cherche à jouer un rôle de premier plan dans la diplomatie internationale alors qu'il presse la Russie de désamorcer l'impasse sur l'Ukraine.

- Missions multiples -

Le dîner de travail organisé par Macron mercredi, à partir de 19h30 GMT, réunira les dirigeants des principaux alliés de la France dans la région du Sahel, à savoir le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

Les responsables du Mali et du Burkina Faso, qui ont également récemment connu un coup d'État, n'ont pas été invités.

D'autres dirigeants africains seront également présents, ainsi que le président du Conseil européen, Charles Michel, la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre italien, Mario Draghi.

Au total, 25 000 soldats étrangers sont actuellement déployés dans la région du Sahel.

Ils comprennent environ 4 300 soldats français, qui, en vertu d'une réduction annoncée l'année dernière, devraient tomber à environ 2 500 en 2023 contre un pic de 5 400.

Les autres forces déployées au Mali sont la mission de maintien de la paix de l'ONU MINUSMA créée en 2013 et l'EUTM Mali, une mission de formation militaire de l'UE qui vise à améliorer la capacité de l'armée malienne à combattre les terroristes.

Quelque 2 400 soldats français sont déployés au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane ainsi que de la force européenne Takuba mise en place en 2020, qui devait augmenter en nombre à mesure que le déploiement français était réduit.

Selon une source française, qui a demandé à ne pas être identifiée par son nom, même après le départ, la France fournira pendant un certain temps à la MINUSMA et à l'EUTM un soutien aérien et un soutien médical.

Mais le retrait de Paris pourrait préparer le terrain pour que d'autres puissances européennes comme la Grande-Bretagne ou l'Allemagne abandonnent leur rôle dans les missions multinationales.

"Le départ de Barkhane et Takuba crée un vide", a déclaré mercredi le président ivoirien Alassane Ouattara.

Au Sahel et dans le golfe de Guinée, "les armées nationales devront faire face à des problèmes sur nos territoires nationaux, et c'est notre philosophie", a-t-il déclaré aux diffuseurs RFI et France 24.

- 'Réinventer le partenariat' -

Les relations entre la France et le Mali ont plongé à de nouveaux plus bas après que la junte dirigée par l'homme fort Assimi Goita a refusé de s'en tenir à un calendrier de retour à un régime civil.

L'Occident accuse également le Mali d'utiliservices du groupe de mercenaires russes extrêmement controversé Wagner pour consolider sa position, une décision qui donne à Moscou un nouveau pied dans la région.

Surtout avec les élections françaises qui se profilent, la priorité de Macron est de s'assurer que tout retrait n'invite pas à des comparaisons avec le départ chaotique des Américains d'Afghanistan l'année dernière.

Paris entend cependant poursuivre la lutte anti-jihadiste dans la région élargie, où les mouvements affiliés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique ont conservé une capacité d'attaque malgré l'élimination de leaders clés.

"Nous devons réinventer notre partenariat militaire avec ces pays", a déclaré une source présidentielle française.

« Il ne s'agit pas de déplacer ailleurs ce qui se fait au Mali, mais de renforcer ce qui se fait au Niger et de soutenir davantage le sud.

Macron accueille des dirigeants africains avant le retrait prévu du Mali